Le 28 juillet 1986, vers 11h30 du matin, deux camionnettes roulaient sur la route de Jinotega, venant de Wiwili, quand, au lieu-dit « La Zompopera » elles ont été prises sous les rafales de mitrailleuses et de lance-roquettes de mercenaires contre-révolutionnaires.
Sous un feu nourri, le premier véhicule a pu passer l’embuscade. Juste derrière, distant d'une centaine de mètres, suivait le deuxième pick-up. Au volant, le suisse Yvan Leyvraz. Un tir de roquette RPG-7 immobilise le véhicule. Yvan est tué sur le coup. Ses quatre compagnons sautent à terre et ripostent avec leurs armes. L'allemand Bernd Koberstein, le seul à ne pas être armé, est tué. Le français Joël Fieux et les nicaraguayens William et Mario se défendent. Ils doivent faire face à un groupe composé d'une soixantaine de mercenaires de la contra, postés à la sortie d'un virage et équipés de deux mitrailleuses M-60, plusieurs lance-roquettes RPG-7, des mortiers, des fusils d'assaut.
Les survivants aidés de ceux qui se trouvaient dans le premier pick-up ont dû résister pendant 45 minutes et faire feu pour se protéger. Les renforts de l'armée populaire sandiniste sont alors arrivés pour poursuivre les Contras.
Joël et Yvan |
Joël Fieux, d’origine française, naturalisé Nicaraguayen, s’était enthousiasmé en 1980 pour la croisade d’alphabétisation au Nicaragua et travaillait en soutien au comité régional du FSLN dans la région VI (Matagalpa-Jinotega). Qualifié dans l'imprimerie et spécialisé dans les radiocommunications, Joël était entrain de mettre sur pied un réseau de postes émetteurs pour les coopératives afin de rompre l'isolement des campagnes reculées, qui les rendaient plus vulnérables face aux attaques des mercenaires. Il s’était marié avec sa compagne Fatima, et avait eu un enfant, Oswaldo, qui est né le 19 juillet 1985, jour-même de célébration du triomphe de la Révolution Populaire Sandiniste au Nicaragua. Joël, Yvan, Bernd, Mario et William travaillaient à faire et refaire ce que la contra s'acharnait à détruire.